L'écho de Jean XXIII

4 avril 2019

LES LARMES D’ALGÉRIE

1954-1962 ou encore un instant de l’Histoire que l’on enferme entre deux dates : la Guerre d’Algérie. Elle est peut-être dans les non-dits de votre père ou dans les larmes de votre grand-père ; une chose est sûre elle était bel et bien dans les mots de ces hommes venus témoigner événements, de réactions, d’une colère parfois.

Ils étaient six, anciens combattants, fils ou frère de, chacun leur histoire, chacun leur parcours. Ce sont de véritables traumatismes, des expériences de vie souvent horribles qui s’étalent devant nous. Hommes emprunts de courage, eux, ont décidé de partager leur souffrance, mettre des paroles sur les choses qu’ils ont vu, celles qu’ils ont vécu.

Souvent envoyés à seulement 20 ans, on leur dit devoir partir en Algérie pour “maintenir l’ordre”. Ils nous confient trouver particulièrement différent le fait de devoir y affronter une véritable guerre. “On nous a un peu volé notre jeunesse” : c’est ainsi que certains expriment leur désarroi d’avoir été si jeune confronté à si compliquer.

Alors que certains disent avoir connu la torture, d’autres “la grande misère”, l’un d’entre eux veut que l’on sache : “je n’ai pas de mort sur la conscience mais j’étais présent”. Parmi ces hommes, il y a ceux qui ne pardonnent pas et ne cachent pas leur colère car “il fallait tuer avant de réfléchir” ; un autre avoue “on nous a fait croire qu’on défendait la patrie”.

Pourtant, un sentiment domine, reste intact : celui du devoir de mémoire. Ces hommes ne sont pas là par hasard. D’ailleurs, le resurgissement de la mémoire dans les années 2000, a libéré la parole. Mais alors, il faut “affronter sa douleur” et ce n’est jamais chose facile. Eux l’ont fait et leur mémoire mérite d’être retenue comme tous ceux, pour qui peut-être la souffrance est telle, qu’elle ne peut être dite.

Aussi, ils sont unis dans une même cause, celle d’une association, 4ACG (Anciens Appelés en Algérie et leurs Ami(e)s Contre la Guerre). Au son de celle-ci, résonne le mot fraternité. Fraternité qui sert la mise en commun de leur retraite d’ancien combattant, qu’ils estiment devoir mettre à profit de projets en Algérie.

On ne pourra jamais retranscrire ce que ces hommes ont vécu mais écrire ces quelques mots à la mémoire de leur courage c’est un peu mettre un coup d’éclat sur leurs très fortes convictions et le message qu’ils sont venus nous faire passer car selon eux, “la page ne doit pas se tourner, elle doit continuer à s’écrire”.